PAVILLON D’ACCUEIL POUR LES MUSEES A SION
CONCOURS 2024
Publication Espazium 2024
MAITRE D’OUVRAGE
Musées cantonaux du Valais
CONSORTIUM
MAX DUDLER GMBH
Une vallée est un dialogue entre deux chaines de montagnes. Ce sont des pentes ensoleillées face à des forêts vigoureuses, des versants qui se regardent, des paysages qui se complètent.
Dans les vallées de la Sionne et du Rhône, le paysage est sculpté par le dialogue des montagnes. À cette confrontation vient se conjuguer une troisième partie, formée par les collines de Gravelonne, du Tourbillon et de Valère, protagonistes dont les vallées et les versants enrichissent et contrastent ce paysage majestueux.
La ville, lovée dans ce conciliabule géologique diversifie son étalement, grimpe dans la brèche, coiffe les collines d’édifices représentatifs et tire parti des opportunités du paysage.
Le site du Pénitencier est un condensé de ces particularités naturelles et urbanistiques. À mi-chemin entre la rue du Grand-Pont et le Bourg et la basilique de Valère, il présente des atouts stratégiques pour devenir un pôle muséal attractif pour tous les espaces culturels situés le long de la rue des Châteaux.
Loin de se résumer à cet avantage géographique, l’enceinte du Pénitencier se qualifie par une richesse historique et architecturale qui nous incite à aborder la question de la construction d’un pavillon avec respect et humilité.
En miroir du rôle dialectique des collines de Sion dans la vallée du Rhône, il nous semble juste de créer un pavillon qui deviendrait un nouvel interlocuteur dans le duo de l’ancien pénitencier et de la chancellerie. Un élément qui ne se positionne ni en réplique, ni en adversaire, mais en partenaire courtois et serein.
Le projet s’inspire de la fine quiétude des mayens valaisans et de la simplicité théâtrale des ouvrages d’art de la région.
Informations détaillées
Fascinés par l’imposant mur d’enceinte en moellons, nous avons opté pour une implantation compacte laissant libre la déambulation circulaire autour du pénitencier.
Analogie de la tour de garde, le pavillon est un quadrilatère emboité dans un angle du mur comme la dernière pièce manquante d’un puzzle. Cette position l’ancre dans l’ensemble architectural et lui offre une visibilité de choix face à l’entrée de la rue des Châteaux sans entraver le binôme historique du site du pénitencier.
Le volume du pavillon d’entrée est simple, les proportions de la façade respectent une trame ordonnée pour évoquer un langage architectural archaïque et hors du temps. Le matériau de façade a été choisi pour se différencier des deux édifices patrimoniaux et signaliser sa fonction d’entrée. Une sculpture de bois dans laquelle on est invité à entrer, la haute porte à pivot étant la seule ouverture visible de la rue et l’allée rectiligne longeant la chancellerie sans ambiguïté.
Le promeneur indécis est cependant convié à prendre le temps. L’espace extérieur, consacré à la déambulation autour de l’édifice austère et envoutant du pénitencier, est conçu comme une partie intégrante de la fonction muséale.
Ainsi, au rythme de chacun, le mur d’enceinte est valorisé à travers des atmosphères végétales et minérales. Le tour de ronde effectué, on s’échappe vers les hauteurs et la plateforme couverte du nouveau pavillon qui offre une vue d’ensemble sur le site et un regard au-dessus du mur, vers la ville, cultivant un rêve de détenu.
Si l’émergence du pavillon assure à elle seule les fonctions d’entrée et de représentation à l’échelle de la rue des Châteaux, la majeure partie du programme trouve sa place un niveau plus bas. L’humilité force la subtilité. Pour faire place au dialogue des trois volumes au rez supérieur, nous créons un niveau inférieur, compact et structuré. Ce généreux espace souterrain assure l’accueil, la distribution à travers les nouveaux lieux d’expositions puis l’accès au musée d’archéologie ou de la nature selon le sens de la visite.
Passé la porte d’entrée, les visiteurs peuvent admirer le volume sur deux niveaux du pavillon. Placé directement sur la gauche, un ascenseur permet un accès aisé aux personnes à mobilité réduite, aux poussettes ou simplement à celles et ceux que la montée exigeante de la rue des Châteaux aurait fatigués.
Spectaculaire, l’escalier de l’accueil se déroule face au mur d’enceinte laissé nu. Sublimé par le contraste du béton coffré, les moellons visibles et l’enduit patiné par le temps deviennent œuvres d’art. Le visiteur, arrivé de l’ascenseur se retrouve face à une grande ouverture. La surprise de ce jardin à un niveau plus bas est renforcée par l’aspect naturel et contemplatif de l’espace extérieur. C’est un tableau vivant, tels les jardins japonais réservés à la méditation.
La distribution des espaces se fait à partir de l’accueil, au centre du plan en croix, desservant, soit l’espace des groupes, soit les vestiaires, toilettes et salles d’expositions. L’espace des groupes est un lieu qualitatif qui jouit de la lumière naturelle et de la vue sur le jardin. Divisible par une paroi pliante, il est équipé de gradins qui permettent également un accès vers le jardin du marronnier pour son entretien et des réceptions exceptionnelles.
Directement accessible de l’accueil, une porte communique avec le sous-sol de la chancellerie, point de départ de la visite du musée d’archéologie. À gauche de l’accueil, le visiteur peut se rendre aux casiers puis aux deux nouvelles salles d’exposition. L’une d’entre elles se trouve exactement sous le pénitencier. Extension souterraine du musée de la Nature, les alcôves formées par le prolongement structurel du plan supérieur créent l’opportunité d’une muséographie intimiste et théâtrale de l’inventaire des stèles néolithique du Petit Chasseur. Cette extension audacieuse (voir explication structurelle) nous permet de conserver un maximum de surface de pleine terre au rez supérieur et de créer une liaison intuitive du Pénitencier.
La deuxième salle d’exposition, prédisposée pour le thème de l’anthropisation, présente un plan libre et ouvert qui permet l’installation d’expositions temporaires ou de manifestations culturelles saisonnières (débats, projections, vernissages…).
Du jardin de prison au jardin botanique, l’aménagement paysagé se dessine entre les hauts murs. L’espace entre le mur d’enceinte et le pénitencier est étroit. La hauteur de ces deux parois se ressent au gré de la déambulation. Cette contrainte devient l’opportunité de créer des espaces aux identités fortes. Rigoureusement tenus par l’enceinte du site, les espaces extérieurs se développent selon leur morphologie et orientation à travers les différents aspects de la richesse du site :
• Parvis
Dès le portail de la rue des Châteaux, le visiteur est guidé visuellement pas une large allée bordant la Chancellerie qui dirige sans ambiguïté au Pavillon d’accueil des Musées. Cette allée s’élargit à l’ouest du nouveau musée archéologique et devient un parvis minéral invitant à la pause. Du mobilier mobile se déploie autour d’une fontaine sèche à jets, interprétation contemporaine d’un élément symbolique des parvis de musée et de place publique. Économique en eau, cette fontaine permet des usages distincts et adaptés de ce parvis en fonction des saisons.
• Patrimoine
On expérimente le quotidien des détenus dans cette cour en anneau séparée et cependant si proche de la ville. Derrière les murs, on entend le murmure de la vie libre, les cloches de l’église, les rires des passants, l’odeur d’un plat mijoté du voisinage. Mais la perception à l’intérieur de l’enceinte est différente, hors du temps. Soudain coupé du reste de la ville, on cherche à voir au-dessus, le mur appelle à l’évasion.
• Contemplation
Derrière le mur, un jardin vierge et paisible. À flanc de rocher, un marronnier trône dans ce jardin secret. L’atmosphère intacte et prospère de la végétation incite à valoriser la fonction contemplative de cet espace. Du parvis, une ouverture surplombe le jardin et offre une vue vers un éden inaccessible.
• Botanique
La flore étonnante des collines de Sion est célébrée par une mise en scène de ses espèces indigènes. À l’image des diversités des milieux naturels des Hauts Valyrien, les biotopes que nous reconstituons naissent de la morphologie de cet espace interstitiel et des diverses conditions de lumière et d’humidité qu’il offre : plantation sur dalle (zone sèche et rocailleuse avec peu de rétention d’eau), à flanc de falaise de la basilique de Valère, zones d’ombre et collecte des eaux de ruissellement, zones fertiles de pleine terre (sous-bois, prairie)et des eaux pluviales en provenance des toitures (mares, zones humides).
Complémentaire du musée de la Nature, le parcours didactique autour du Pénitencier guide le visiteur dans la découverte de différents milieux, d’atmosphères et d’odeurs variées, toutes issues du territoire environnant comme un concentré naturaliste.
• Expérience du mur
Conscient de l’attrait du site pour les familles, l’aménagement prévoit une aire de jeux pour les enfants de tout âge. Tirant parti des spécificités plastiques de la haute paroi verticale qu’offre le mur d’enceinte, un parcours ludique est créé le long du mur Est.
Plusieurs niveaux de difficulté de parcours sont générés : des enchevêtrements de troncs et de filets pour les plus petits jusqu’aux prises d’escalade fixés directement à la paroi de moellons pour offrir l’opportunité d’une initiation à la grimpe pour les jeunes visiteurs. L’enceinte du Pénitencier restant constamment ouverte au public, cette aire de jeux dynamique et originale permettra au site de devenir une destination prisée des familles de Sion.